LE VOYAGE

 
     
 
     
 

 

 
 

 A LA DIFFERENCE DES AUTRES VOYAGES, MON VELO NE VOYAGE PLUS SEUL...

 

Je quitte Grenoble le samedi avant le départ. Il fait chaud, mais déjà des orages sont annoncés sur une région de France appelée Alsace. Elle est située derrière le massif Vosgien, dans une plaine où coule le Rhin. Depuis Grenoble, on y accède en train Grandes Lignes qui possède un fourgon. Mon vélo est sanglé à la fenêtre, alors que deux VTT de randonnées sont pendus au plafond. Je voyage avec un couple de Randonneur suisse-allemands qui se sont trompés d'itinéraire pour rejoindre Bâle par le train. La SNCF n'a aucune pitié pour les cyclistes confortablement installés: Ils doivent payer un complément de parcours... Pendant ce temps, je pique nique et je m'assoupis au soleil derrière la vitre...

 
 
     
     
     
 

 

DANS LE TRAIN, RENCONTRE AVEC UN CYCLISTE DIFFERENT...

 
 

Le train GL s'arrête à Besancon. Le signal de départ est donné, le train repart, le contrôleur, à l'accent allemand, repasse pour vérifier si aucun contrevenant ne se serait glissé sous les sièges du compartiment et le paysage défile à nouveau... Soudain, j'entends coulisser la porte du compartiment à vélo et un jeune homme vient s'installer dans notre compartiment. Il s'installe timidement, me défigure sans mot dire. Je viens à le regarder, nos regards se croisent et il me demande:

- C'est à vous le vélo bleu! Vous venez pour la course ?

Peut être mal réveillé, je lui réponds par la négative, en lui demandant plus de détails sur cette course. Il s'agit d'une épreuve cyclosportive à Montbéliard de 140kms qui a lieu demain. Mais la suite de la conversation est intéressante. Elle m'apprend que ce jeune homme y participe dans la catégorie des vélos couchés! Il vient de Sens, dans l'Yonne, pour rejoindre ses amis couchés et ainsi montrer aux cyclosportifs perchés sur vélos droits que les vélos couchés sont l'avenir du vélo en France... Ayant roulé avec un certain nombre de vélos couchés pendant le PBP, je suis de suite sensibilisé et curieux de voir son vélo couché... Nous quittons le compartiment pour nous installer dans le fourgon au plus grand plaisir des tourtereaux Suisse-Allemands. Son vélo couché est une merveille, une conception artisanale, à partir d'un VTT. Il m'explique être déjà passionné par les longues distances et se promet de participer au prochain Paris Brest. Je lui explique comment se déroulent les brevets qualificatifs tout en soulignant que le meilleur entraînement est la visite de notre pays à l'aide de nos Diagonales de France... Malheureusement, nos chemins se séparent à Montbéliard...

 
 
     
     
     
 

UNE FIN DE VOYAGE DIFFERENTE A CAUSE D'UN INCENDIE...

 

 

Depuis que je voyage en train avec mon vélo, je suis toujours arrivé à bon port avec un peu de retard, jamais d'avance, mais ce voyage s'annonce finalement mal: J'apprends en gare de Mulhouse qu'un entrepôt vient de brûler à Ribeauvillé, près de la ligne de chemin de fer et que tout trafic ferroviaire est désormais interrompu. Les pompiers doivent faire leur travail, et nous repartirons peut-être trois heures plus tard. J'espère néanmoins que le départ de la Diagonale pourra être maintenu pour demain matin 6h00. Je m'entretiens avec un agent SNCF qui me répond:

- Mais si vous êtes pas content, allez-y en vélo !

Finalement, je retourne dans le compartiment. Les tourtereaux sont partis rejoindre Bâle et j'arrive à Strasbourg avec une heure et demie de retard. Dehors, l'orage gronde, il pleut. Après avoir dîné autour d'un plat de tagliatelles au saumon, je m'endors à l'hôtel en pensant à cette Diagonale qui risque d'être arrosée...

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 

 

 
 

LE DEPART

 
     
 
 

DIFFERENCE D'ACCEUIL AUX POSTES DE POLICE...

   

Une Diagonale de France commence au poste de Police. Vous reconnaissez ici le nouvel hôtel de Police de Strasbourg. Nous sommes dimanche matin, le 18 Juillet 2004, il fait jour, il est 5h50... Les portes de l'accueil s'ouvrent, deux officiers me reçoivent. Celui de gauche est loquace, et même certainement content de discuter en ce dimanche matin. Après lui avoir dit où je tentais d'aller, il me répond qu'il a appris le métier de policier à Perpignan mais qu'il apprécie la façon de vivre en Alsace. Après avoir pointé ma feuille de route, il me pose des questions sur mon itinéraire, mes arrêts, mais je suis pressé de partir, car ...le temps presse un peu... Sous un ciel peu nuageux, sur des routes humides et sans circulation, me voilà parti dans la vallée du Rhin...

   

En revanche, l'arrivée à Perpignan est bien différente. Trois jours plus tard, à 9h00 du matin, le poste de Police est rempli de gens qui attendent leur tour à l'accueil... C'est un stagiaire qui m'accueille. La photo n'est pas autorisée ici, il lui est conseillé d'aller dans la pièce voisine pour mettre le coup de tampon, faire une signature, indiquer l'heure et remplir la main courante. La procédure d'arrivée a duré 10 minutes, je file acheter des fruits en vile avant d'attraper un train qui m'emmènera à Avignon, puis à Grenoble où je remarque un camion souvenir du Tour de France. Il faut dire que je me suis lancé dans cette Diagonale avant que le Tour de France n'envahisse les Alpes...

 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 

 

 
 

L'ALIMENTATION

 
     
 
     
 

LES DIFFERENCES D'ALIMENTATION PENDANT LA DIAGONALE...

 

 

 

Paul Fournel écrit dans l'ouvrage "Besoin de vélo" que "Le vélo creuse. Pour un gourmand, il est une bénédiction!" Pendant une Diagonale, l'alimentation doit être variée et vous donner envie de continuer à pédaler. Personnellement, je n'avance pas vite, je n'ai pas le temps de m'arrêter dans de telles auberges pour prendre mes repas. Mon petit déjeuner avant le départ est simple: un jus de fruits, deux morceaux de Gâteau Diagonaliste au chocolat cuisiné la veille du départ, un pain aux raisins et un café... Je mange peu mais environ tous les quarante kilomètres... En partant de Strasbourg à 6h00, ma première gourmandise sera de goûter aux viennoiseries alsaciennes vers 8h00...

 
       

Après le départ, je traverse plusieurs village alsaciens dans la plaine du Rhin mais toutes les boulangeries sont fermées. J'entends déjà les gens qui me connaissent dire qu'avec tous mes éclairages sur mon vélo, je roule de nuit et qu'il est normal que je ne trouve que des boulangeries fermées. Mais non, je suis parti de Strasbourg en plein jour, mais il faut reconnaître qu'en Alsace, on ne plaisante pas avec les commerces ouverts le dimanche matin. Enfin, à Marckolsheim, je trouve une boulangerie ouverte. Il est écrit "Cuisson du pain à toute heure". Je rentre dans la boulangerie, la vendeuse parle au client me précédant avec un fort accent alsacien en prononçant le mot "quarante" avec une telle intonation que j'ai cru qu'on l'écrivait avec un "k". Mon tour arrive et j'apprends que les viennoiseries sont congelées, comme le pain d'ailleurs. C'est la règle ici, alors finalement, je dois me contenter d'un mille feuille. Dois-je préciser qu'avant de le déguster avec ma cuillère, j'ai vérifié s'il n'était pas fourré à la choucroute?

La matinée continue, j'apprécie finalement mes friandises au chocolat plutôt que de m'aventurer dans des villages où les épiceries sont fermées. D'ailleurs, au premier contrôle, à Ensisheim, un autochtone a pris un malin plaisir alsacien pour me dire:

- Mais vous êtes en Alsace, ici...

Finalement, je trouve le repas de midi à Pulversheim où un méditerranéen a trouvé un bon filon: Vendre des pizzas, des kebabs, des frites à toute heure à la barbe des consommateurs alsaciens qui, finalement, se pressent pour venir chercher leurs repas de midi. En dégustant cette pizza avec le Coca Cola suivis d'un chocolat Liégeois, je réalise que je viens de surmonter la première difficulté de cette Diagonale: Traverser l'Alsace alors que toutes les épiceries sont fermées...

   

 

Dimanche soir, je gagne les plateaux du Jura à partir de Saint Hippolyte. Je téléphone à la pizzeria de Maiche pour réserver un plat de lasagnes aux champignons à emporter. Douze kilomètres me séparent de cette prochaine étape avec une bonne grimpette, alors j'évalue le temps à une heure et demi. Finalement, une heure plus tard, j'arrive avec la pluie à Maiche. Les lasagnes sont prêtes, bien chaudes, je les déguste à l'abri en discutant avec le cuisinier qui n'en revient pas avoir eu à faire à un cycliste... Une demi heure plus tard, ma route continuera vers Pontarlier...

 
     
 

 

Une bonne nuit, mais courte, s'est passée à Pontarlier avant de retrouver la route où la pluie a cessé. J'arrive vers 7h45 à Lons le Saunier où je déguste un bon café chaud accompagné de viennoiseries. Je me suis éloigné de l'Alsace, toutes les boulangeries sont ouvertes en ce Lundi matin. J'étudie la suite du parcours en contemplant ces œuvres mises en place pour la prochaine venue d'une étape du Tour de France...

 

 

 

 
     
 

Avant de partir, en préparant ma Diagonale, j'ai fouillé sur l'annuaire (les pages jaunes) dans les rubriques "Restauration Rapide" ou "Vente à Emporter" pour trouver les endroits où je peux consommer des sucres lents chauds sans trop attendre. Je les ai ensuite contacté pour savoir s'il seraient ouvert le jour de mon passage. Nous sommes lundi soir, certains sont effectivement fermés, d'autres ouverts comme celui-ci à Beaurepaire, en Isère, à seulement 80kms de mon domicile.

 

Je suis un des derniers clients, pourtant il n'est que 21h00. Mais en discutant avec le restaurateur, j'apprends qu'il ferme tôt pour ne pas être embêté avec des clients alcooliques le reste de la soirée. Il ne m'a pas expliqué cela dans ces termes, mais c'est l'idée qui transpirait de ses propos...

 

Ce plat de tagliatelles au saumon, ce Coca Cola, me permettront de traverser les toboggans de l'Herbasse et de la Galaure avant d'aller me coucher à Romans sur Isère, au pied du Vercors..

 
 
     
 

Le lendemain soir, je suis arrivé à Mézé, au delà de Bouzigues. La mer Méditerranée est toute proche, ce qui justifie l'ouverture de tous les restaurants et des vacanciers qui s'y pressent pour goûter les fruits de mer. Je renonce à dîner près du Port et je m'aventure dans les rues adjacentes, désertes à cette heure...

 

C'est dans cette pizzeria que je dîne. J'explique au restaurateur mon souci sur le délai, il comprend vite, lance la cuisson des pâtes, appelle la serveuse qui est originaire de Saverne et reste avec moi pour discuter sur la vie des restaurateurs et leurs rapports avec le gouvernement sur des sujets brûlants comme la TVA. Ensuite il s'intéresse aux Diagonales de France, sur ces cyclos étranges que sont les Diagonalistes en me posant une question quelque peu embarrassante:

- Mais y-a-t-il aussi des femmes qui font cela ?

Evidemment, je réponds par la positive. J'oubliais de signaler que l'assiette de pâtes était arrivée depuis bien longtemps quand il découvrit que Mézé était idéalement situé sur la route des deux plus courtes Diagonales. Alors, Ami Diagonaliste, si tu viens à passer par Mézé, va rendre visite à la Dolce Vita, tu y découvriras de bonnes pâtes et une crème brûlée qui te permettront de rouler toute la nuit sans trop de difficultés...

 
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 

 

 
 

LE SOMMEIL

 
     
 
 

 

DIFFERENTES MANIERES DE DORMIR

 
     
 

Pendant ces longs périples que sont les Diagonales de France, je cherche à me reposer le mieux possible entre deux journées de pédalage. J'ai l'habitude de "descendre" dans des hôtels à réservation automatiques pour n'avoir aucun problème avec le vélo. Mais les prestations qu'ont y trouve laissent parfois à désirer, c'est la raison pour laquelle je ne les nommerais pas afin de ne pas leur faire de publicité. Avec les deux photos ci-jointes, vous arriverez sans doute à reconnaître celui de Pontarlier et de Romans sur Isère où j'ai quand même regardé la télévision...

     

La dernière nuit, j'ai préféré rouler pour arriver à Perpignan avec un peu d'avance. Alors j'ai visité Béziers en pleine nuit, voici justement un souvenir des Arènes illuminées. Mais après Narbonne, trois quarts d'heure de repos dans la couverture de survie placée devant le vélo m'ont fait le plus grand bien. Je me suis installé non loin de la N9, devant un cabinet vétérinaire sur une dalle de béton. Un endroit idéal, mais j'aurais dû penser aux nombreuses bestioles qui attendaient l'ouverture du cabinet pour consulter et qui m'ont dévoré pendant cette pause (moustiques, tiques, puces...)